Entre le documentaire, l’agit-prop et la lettre d’amour à la house music, le film du cinéaste britannique Phil Collins emprunte son titre à la chanson de Robert Owens sortie en 1986. Un classique qui parle de sexe et de danse, dont la portée sociale et politique n’a pas échappé au réalisateur qui met en parallèle les injustices des conditions de vie des détenu·es aux États-Unis (« la plus grande violation des droits humains sur cette planète ») et le pouvoir de la house music en tant que catalyseur de connexion humaine. Car, entre le folk engagé des années 1960 et la vague disco des années 1990, la house music a fait des clubs des espaces de libération des corps… l’exact contraire des prisons. Discours, conférences, prises de paroles d’activistes et d’ancien·nes prisonnier·ères, scènes filmées derrière les barreaux et dans les clubs forment un tout indissociable qui fait de Bring Down the Walls un « objet filmique non identifié » sur un mouvement hédoniste porté par les communautés noires, latinos et queers de New York, Chicago ou Détroit. Et donc longtemps méprisé… Phil Collins a réussi son pari : déconstruire et dénoncer le système carcéral américain par le prisme de la house music et du nightclubbing, tout en conjuguant brillamment une mise en perspective historique et politique avec un activisme festif.
Projection labellisée Été marseillais 2024
Le programme cinéma de l'édition 2024 :
Si, comme l’affirme le danseur Cal Hunt « la danse est la plus belle et la plus silencieuse des révoltes », c’est-à-dire un espace de lutte et d’émancipation des corps et des esprits, elle est aussi un outil pour remettre de la joie et de l’énergie dans les pratiques militantes. Ces interactions entre création artistique, engagement politique et émancipation, sont au cœur du focus cinéma que le Festival vous propose, en lien avec les grandes thématiques de l’édition et celles de l’éducation artistique et culturelle menée toute l’année. Du cultissime Paris Is Burning de Jennie Livingston à l’actualité de Dans la peau de Pascal Tessaud, de l’étonnant Bring Down the Walls de Phil Collins à l’émouvant Can You Bring It de Rosalynde LeBlanc et Tom Hurwitz, c’est un panorama de fictions et documentaires ancrés dans le réel et dans l’art qui interroge la frontière entre danser pour lutter ou lutter en dansant.